HISTOIRE
L’histoire de Montréal-la-cluse commence à Senoches où existait au nord du bief du Landeyron un village celtique.
Ensuite s’installa à Orindis, au sud de ce même bief, un vicus gallo-romain. Orindis fut probablement détruit par l’invasion burgonde.
Après la destruction d’Orindis, un habitat se développa autour de l’église de Senoches édifiée sur une structure plus ancienne. Il est fait mention de cette bourgade dès 855 dans un acte de l’empereur Lothaire et en 1145 dans une bulle du pape Eugène III.
Montréal est né de la volonté des sires de Thoire : en 1170, Humbert par son mariage avec Alix de Coligny reçut Brion et Senoches, puis Étienne II construisit vers 1244-1248, sur un roc escarpé, au nord du château de Brion qui existait déjà, un château qu’il appela Montréal (Mons Régalis).
Il fit appel aux gens de Senoches pour le construire, puis par la suite, pour édifier une enceinte au bas des rochers. Il leur accorda alors des franchises en avril 1287. En 1294, Montréal possédait déjà une école de formation de clercs. Il n’y eut bientôt plus qu’un seul curé pour les paroisses de Montréal et Senoches, et, dès le XVIe siècle, ne subsistait de cette dernière que sa petite église oubliée.
Après deux siècles de luttes parfois sanglantes avec les prieurs de Nantua, les sires de Thoire et Villars, en la personne de Humbert VII, vendirent leurs terres de montagne au Comte de Savoie AmédéeVIII.
Le 13 septembre 1414 un des officiers du comte de Savoie s’installa au château : des travaux de fortification firent de cette place « la ville capitale des possessions de montagne » des comtes puis ducs de Savoie.
Le 2 novembre 1523, Montréal fut vendu à Laurent de Gorrevod, Comte de Pont de Vaux. Une clause de rachat, immédiatmement appliquée, ramena la ville forte aux mains de CharlesIII, Duc de Savoie, qui la vendit et l’inféoda, le 1er septembre 1529, à messire de la Chambre, Baron de Meximieux.
En avril 1566, la terre de Montréal fut rachetée par Louis Odinet, Baron de Montfort qui n’en prit possession qu’en 1571, après avoir remboursé le montant de sa dette, aux héritiers de Louis de la Chambre. Montréal depuis le 22 juillet 1570 avait rang de Comté ; Louis Odinet le légua à son neveu Georges de Mouxi, seigneur de Saint Paul, qui le laissa à sa fille Gasparde.
Le château féodal fut détruit en 1602, puis reconstruit pour faire face à la guerre des Comtois et définitivement abattu en 1635.
Entre 1622 et 1720, à la suite de mariages et d’héritages, le Comté appartint à Louis de la Chambre de Seyssel, Marquis d’Aix, époux de Gasparde, puis à ses descendants. En 1720 il est vendu à Bernard de Budé; en 1757, les héritiers de celui-ci le cédèrent à Charles Joseph de Douglas, seigneur de Mépillat, Chiloup et Hautepierre ; son neveu Archambaud fut le dernier seigneur Comte de Montréal.
Montréal gardait cependant ses attributions judiciaires sur Bellignat, Giriat, Groissiat, Oyonnax, Peyriat, Saint-Martin-du-Fresne, Condamine-La-Doye, Martignat, Nerciat, Alex, Evron, Charbillat et pour moitié sur Volognat, Chevillard, Le Balmay.
Les condamnés étaient pendus aux fourches de Port, quant aux hérétiques ils étaient brûlés au mollard de Mottant.
Des halles, restaurées au XIVe siècle.comme le prouvent des lettres patentes d’Humbert VII de Thoire et Villars du 26 octobre 1384, attestent que, très tôt, cette cité eut une grande activité ; situées à l’angle des chemin de la Halle et de la rue de la Ville, elles ont disparu dans l’incendie de 1779 qui détruisit le tiers de la vieille ville.
On se préoccupait constamment de l’amélioration des voies de communication et jusqu’à la Révolution la grande levée en terrassement, qui traverse le Couloux, fut un lieu de corvée pour tous les habitants de la communauté. Ceux-ci s’en plaignaient encore dans les cahiers de doléances.
Montréal fut aussi un centre administratif important : au XVIIe et XVIIIe siècles, la famille Delilia fournissait à chaque génération les châtelains notaires, les juges et les avocats au Comté.
Dès le milieu du XVIIe siècle la vie économique devient plus intense et évolue rapidement. Au Martinet une grande roue à aube, installée par Charles Joseph Douglas, actionne des marteaux qui façonnent le métal, fabriquent des clous et des tiges ; cette activité prend fin avant la Révolution. Le travail du bois a déjà pris le relais.
La plus ancienne scie du pays « la scie de montréal » était située à l’entrée du moulin Montange, près du château dont elle dépendait.
Au moment de la Révolution, la scierie du Martinet, au bord de l’Ange sur la route d’Oyonnax, traitait l’autre moitié des bois de la commune. Totalement détruite, y compris la maison du scieur, par un incendie le 13 fructifor an III (31 août 1795) elle fut reconstruite par Louis Archambaud Douglas.
Le travail du bois garda une grande importance dans la commune : plusieurs scieries virent le jour entre 1870 et 1917; à La Cluse la dernière a disparu en 1988, celle du Martinet cessera bientôt son activité.
Dès 1846, le travail de la soie occupe près de 100 métiers. En 1859, le conseil municipal constate, que plus de la moitié des habitants de la commune travaillent ou dépendent du travail de la soie. Mais dès 1861, il déplore « la stagnation qui règne dans les affaires industrielles et surtout dans la soierie ».
En 1863 à La Cluse, une usine de tissage de la soie est organisée sur le modèle de Jujurieux, grâce à l’arrivée de trois sœurs contremaîtresses de la congrégation de Saint Joseph : 72 jeunes filles y travaillent et vivent en internat.
En parlant de La Cluse, A. Cartel écrit dans le Courrier de l’Ain du 20 janvier 1870: « c’est partout un cliquetis de métiers de soierie des plus assourdissants. Pas une maison qui ne soit remplie de métiers à tisser ; pas une personne qui n’ait un emploi dans cette industrie que semble avoir établi là son quartier général. Cinq représentants des principales maisons de Lyon y ont leur centre d’affaires. Des constructeurs de métiers, des tourneurs, des mécaniciens y sont constamment occupés ».
A la veille de 1914, il ne restait qu’une usine de soierie en activité et deux succursales d’ateliers lyonnais. A la place, s’installa et se développa le travail du plastique.
L’agriculture, autrefois essentielle se maintint longtemps : en 1914 Montréal compte encore 70 exploitations, mais disparurent bientôt, d’abord les foires, puis les agriculteurs eux-mêmes; il n’en reste plus que deux aujourd’hui.
La vie quotidienne s’améliora régulièrement : création d’un nouveau captage public des eaux. Les travaux débutèrent en 1860 (conducteur de travaux E. Lardière) pour permettre l’arrivée et la répartition de l’eau en grande quantité dans les fontaines du bourg.
Puis un bureau de téléphone fut installé en 1906 dans l’ancienne mairie et en 1907 une recette de poste auxiliaire.