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La France au secours du Cananda au 18° siècle – La famille DE DOUGLAS et le QUEBEC.

D’après l’ouvrage  » LES MONTREAL DE FRANCE  » d’Emile BOCQUILLOD

De Montréal (France) au Quebec

Français pour le meilleur et pour le pire

En 1601, alors que la domination savoyarde en BUGEY tire à sa fin, il revient au Roi HENRI IV de réunir la province à la FRANCE, et cette fois définitivement la plus grande partie du département de l’AIN.
Et tout de suite se manifestent, à propos du château de MONTREAL-FRANCE, l’inconséquence et la légèreté françaises. Sur le rapport du Baron LUX, HENRI IV ordonne la démolition de plusieurs places fortifiées. MONTREAL est du nombre ; huit cents hommes recrutés par corvées dans le Comté de MONTREAL travaillent sans relâche pendant un mois pour raser la forteresse jusqu’aux fondations. Après quoi, on s’aperçoit que la frontière franc-comtoise est à deux pas, que la Franche-Comté appartient à l’Espagne, qui peut un jour déclarer la guerre à la FRANCE, et qu’il est donc urgent de reconstruire la forteresse de MONTREAL. Un document de 1622 indique :
 » le château de MONTREAL est assis et élevé sur un roc, et possédé par Sa Majesté LOUIS XIII;
lequel a été rebâti de nouveau dès quelques années, et ce par son commandement, à ses frais d’y entretenir une garnison de soldats.
« La ville de MONTREAL, est assise au bas du roc, du côté du matin, qui est un petit bourg, lequel anciennement a été clos de murailles; mais à présent, la plus grande partie d’icelles sont ruinées et tombées par terre… »
En 1635, la guerre étant déclarée entre la FRANCE et l’ESPAGNE, Antoine DUGLAS, gouverneur par le Roi du château de MONTREAL, reçoit du gouverneur de BOURGOGNE l’étrange billet que voici : (en vieux français )

Antoine de Douglas
Monsieur DUGLAS,
Désirant que le chasteau de MONTREAL, soit razé suivant l’intention du Roy, j’ay fait expédier ma commission, pour procéder à la dicte démolition, aux syndicqs du pays du Bugey, avec lesquels j’ay jugé à propos de vous employer auxdits ouvrages, vous ayant compris dans la ditte commission, suivant laquelle vous ne manquerés, conjointement avec lesdits syndicqs, de faire au plus tôt razer et démolir ledit chasteau et combler les fossés d’iceluy, en sorte que l’intention de Sa Majesté, touchant ledit razement, soit entièrement exécutée, et cette place réduite en estat de ne pouvoir apporter aucun préjudice à son service.
Ayant destiné les pièces d’artillerie et munitions de guerre qui sont audict chasteau de MONTREAL, pour le ville de BOURG EN BRESSE, j’ay commandé au sieur BESSON, chastellain d’icelle et syndic du pays de Bresse, à se transporter audict lieu pour retirer toutes les pièces d’artillerie et munitions, lesquelles vous lui mettrez entre les mains, par inventaire qui sera dressé, au bas duquel ledit BESSON vous donnera descharge du contenant dudict inventaire, tant envers le Roy que tous autres.


Me promettant que vous vous employerez à ceste action avec vostres affection et fidélité ordinaires, je ne vous feray la presnte plus expesse et me contenteray de vous assurer que je suis, Monsieur du GLAS votre meilleur amy

HENRI DE BOURBON de DIJON, ce 3ème Octobre 1635.

DE Montréal-en-Bugey (France) à Montréal au Canada

Il existait un troisième frère plus jeune, François Prosper DE DOUGLAS né le 21 Février 1725, Officier au régiment de Royal-Languedoc.En dépit de l’extrême faiblesse des chances accordées, dans les familles nobles, aux derniers nés, ce fut lui qui eut l’honneur de créer, entre le BUGEY (notre région) et le CANADA, les liens durables dont nous allons parler. Ce fut lui aussi qui eut le privilège de perpétuer, par sa descendance, la lignée des DOUGLAS de Montréal en Bugey (Ain-France).

Le départ de François-Prosper pour le CANADA EN 1755 est dû à la simple obéissance militaire, et non au lucre ou à l’aventure.Son régiment était désigné pour l’embarquement en Bretagne, et notre  » Bugeysien « , quoique de santé délicate, ne crut pas devoir se dérober à l’ordre de rejoindre son poste de capitaine du ROYAL-LANGUEDOC. Il avait dans ses compagnies plusieurs compatriotes de BRESSE ou de BUGEY, et il ne cessera d’en donner des nouvelles dans ses lettres précieusement conservées.
Forte de vingt-deux vaisseaux, la flotte envoyée par LOUIS IV au secours du CANADA leva l’ancre, de BREST, le 16 avril 1755. François-Prosper DE DOUGLAS était à bord de  » l’Actif « ; il disposait, comme officier, d’une cabine et avait perçu un mois et demi de solde à l’avance.

François-Prosper de Douglas

Aussitôt déparqué, le régiment de LANGUEDOC est envoyé à une cinquantaine de lieues au sud de MONTREAL (CANADA) , où un engagement assez sévère a lieu au mois d’Août sur les rives du lac du SAINT- SACREMENT, aujourd’hui  » lac GEORGE « , (Etat de NEW YORK.). Ensuite, François-Prosper DE DOUGLAS est occupé avec ses hommes à la construction d’un fort, probablement le fort CARILLON , et le régiment prend ses quartiers d’hiver 1755-1758 à quatre lieues de MONTREAL CANADA.
Las des pois moisis et du lard rance qui ont constitué le menu invariable pendant la campagne, notre jeune capitaine séjourne cinq semaines durant à MONTREAL même où, dit-il, la vie est hors de prix. Il y dépense neuf cents francs pour des emplettes, qui en FRANCE, n’auraient pas coûté cent cinquante.Il a la joie de trouver un compatriote, François PICQUET, missionnaire de l’ordre des Sulpiciens seigneurs de MONTREAL (FRANCE), Ame de feu et ardent Français. PICQUET allait devenir aumonier général des armées au CANADA.

A la belle saison, le régiment du LANGUEDOC (FRANCE), reprend les travaux du fort de CARILLON;
François-Prosper DE DOUGLAS raconte les escarmouches avec les Anglais, et les exploits parfois cruels des sauvages alliés de la FRANCE. Des griffes de ces derniers, il tente d’arracher un jeune montagnard écossais prisonnier, nommé Mac Leen, presque de la famille : son père était à CULLODEN dans le parti du Prince avec les frères DOUGLAS.

En 1757, une seule lettre du Capitaine parvient en FRANCE. Il annonce un évènement important :
son mariage à MONTREAL avec une enfant de quinze ans, Charlotte de la Corne Chapt, fille du sieur de la Corne capitaine d’infanterie, mais aussi gros propriétaire terrien alllié à une riche famille du pays. Par sa mère, la jeune épouse descend de RAMEZAY, gouverneur de MONTREAL au début du siècle. Nulle surprise, dès lors, de lire, au bas de l’acte de mariage les signatures tant recherchées par la société huppée de la ville : celles des gouverneurs MONTCALM et de VAUDREUIL. Quant à la dot de 10.000 écus, il l’abandonne généreusement à son frère Charles-Joseph pour l’aider à solder l’achat du Comté de MONTREAL EN BUGEY (FRANCE).

Louis-Archambaud de DouglasLouis-Archambaud de Douglas
Le 16 Mars 1758, naît à MONTREAL un premier fils  » Louis-Archambaud« . Le premier prénom se passe de commentaire, le second tend à rappeler un prétendu ancêtre Archambaud DOUGLAS, duc de TOURAINE(FRANCE) au XV° siècle.
A la même époque, François-Prosper place des compatriotes de BRESSE ou du BUGEY (FRANCE) dans la vaste seigneurerie de son beau-père, située dans le Comté de TERREBONNE, au nord de MONTREAL.A ceux qui se marient, il fait concèder des terres.
Mais la guerre continue, et la situation de nos troupes empire, malgré la belle victoire de FORT-CARILLON du 8 juillet 1758, où notre officier est certainement présent, et où Francois PICQUET donne la bénédiction à l’armée avant le combat. En Juillet 1759, il participe certainement à la campagne du HAUT ST LAURENT; une blessure lui vaut une gratification de 100 écus. La même année voit la naissance de son second fils  » Luc-Charles- Soltho « .

Au mois de Septembre 1759, François-Prosper se trouvait au camp retranché de QUEBEC assiégé par les Anglais, ville dont le gouverneur était son parent par alliance  » Roch de RAMEZAY « , tandis que MONCALM commandait en chef l’armée.

 

Tout le monde a entendu parler de la bataille d’ABRAHAM, où périrent les deux généraux des armées en présence, et qui sonna à l’avance le glas de notre souveraineté au CANADA.
La victoire inespérée des Anglais avait été précédée et préparée par un coup de main d’une audace inouîe, où François-Prosper DE DOUGLAS eut le malheur de jouer un rôle involontaire.L’épisode mérite d’être rapporté :
Un convoi de vivres destiné au ravitaillement de QUEBEC et descendant des TROIS-RIVIERES par le SAINT- LAURENT avait été annoncé aux postes français échelonnés le long du fleuve; puis le projet avait été abandonné sans préavis, et seuls les Anglais, sans doute par trahison, en avaient été avertis. Le 12 Septembre, par une nuit noire, deux cents chasseurs d’infanterie légère anglaise s’embarquent sur des canots et descendent silencieusement au fil de l’eau. Les guetteurs français qui devinent leur passage, n’interviennent pas, pensant qu’il s’agit du ravitaillement attendu. Plus méfiant le Capitaine F-P DE DOUGLAS posté à ST MICHEL, lance le  » qui vive » réglementaire. Une voix assourdie – celle du Capitaine Donald Mac-Donald, des Fraser’s Highlanders, lui répond sans le moindre accent :
 » FRANCE ! convoi de vivres! mais ne parlez pas si fort, les Anglais pourraient nous entendre !

Les Anglais abordent à l’ANSE-DES MERES, à un quart de lieue plus bas que l’ANSE-DU-FOULON dominée par une falaise qu’un chemin gardé par cinq sentinelles françaises permettait d’escalader. L’effet de surprise est total, les Français sont réduits à l’impuissance et le poste de garde de 25 hommes placé sur la falaise subit bientôt le même sort. Au petit matin, un hourra de victoire avertit le Général WOLFE de la réussite du coup de main; le Général en chef fait aussitôt traverser le fleuve à l’armée anglaise massée sur la rive droite. Le lendemain, c’est la défaite française et peu de jours après ROCH DE RAMEZAY capitule précitamment à QUEBEC, sur les instances, dit-on, d’une bande de négociants soucieux avant tout de préserver leurs marchandises.François-Prosper DE DOUGLAS, dans l’armée en retraite, dut être fort marri de sa mésaventure. Etre ainsi berné et par un Ecossais !!! Du moins son nom lui permit d’entrer en relations avec le Capitaine MAC DONALD, qui l’autorise à retirer des bagages restés dans QUEBEC, et même voulut bien se charger de faire passer une lettre en FRANCE via l’Angleterrre.

Sur les mêmes plaines d’Abraham, le 28 Mai 1760 se livra un nouveau combat qui fut une revanche du précédent ; le régiment du LANGUEDOC (FRANCE) y participait, mais le succès ne fut pas exploité et QUEBEC ne put être repris.
Au début de septembre, les débris de l’armée française sont encerclés à MONTREAL. L’ennemi refuse d’accorder les honneurs de la guerre. Alors dans l’île de l’Expo 67, le chevalier de LEVIS fait allumer un brasier; un à un, les enseignes des régiments y déposent les drapeaux, dont ceux du ROYAL-LANGUEDOC. Pour finir, le chevalier tire son épée du fourreau, la brise sur son genou et en jette les tronçons dans les flammes.
Le 10 septembre enfin, la capitulation de MONTREAL met un terme à la guerre.
François-Prosper DE DOUGLAS doit s’embarquer avec son régiment dès le 14 septembre.

Aux descendants de « L’Algonquin » vivant au Canada et aux USA.

De Brest (1755) à Québec (2003)

Naviguant depuis Brest sur 5 vaisseaux de la Marine Royale.
3.000 soldats des régiments de La Reine, de Languedoc, (l’Actif)- F.P. DE DOUGLAS – de Guyenne, de Béarn, débarquent à Québec en juin 1755.Ils viennent renforcer l’armée sous les ordres du Baron de Dieskau, qui sera remplacé en 1756 par le Marquis de Montcalm.

Ces 5 vaisseaux sont :

L’Actif (64 canons),
L’Algonquin (72 canons),
L’Illustre (64 canons),
Le Léopard (64 canons),
L’Opiniâtre (64 canons).

L’Algonquin reste le plus grand vaisseau construit à Québec (1750-53),
au chantier du « Cul-de-sac », sous le Régime français.
Modèle de L’Algonquin
à l’échelle 1:75

DE MONTRÉAL au Québec à MONTRÉAL en Bugey

Après la capitulation qui mit fin à la guerre au CANADA, François-Prosper De Douglas revint en FRANCE. Un court séjour en TOURAINE, où naquit un troisième fils, puis à AUCH, où un de ses frères était chanoine et vicaire général de Mgr de MONTILLET, originaire du BUGEY, puis notre Officier reprend du service en CORSE; mais le décès de son épouse et une santé déficiente le contraignent à demander son congé et à se retirer à NANTUA.
La pensée du CANADA,cependant ne le quittait pas. La mort de son beau-père l’avait rendu propriétaire d’une belle seigneurie à TERREBONNE, à neuf lieues au nord de MONTRÉAL, sur la Grande Rivière.
Il était tenté de retraverser l’Atlantique pour s’installer avec son fils aîné sur cette terre du coquet revenu de 5.000 livres.
En 1776, il écrivait encore :  » les affaires du CANADA prennent fin, et je veux espérer un séjour tranquille; voici cinq générations que nous vivons en BUGEY, il est temps de changer de pays « .
Son état de santé ne lui permit pas de réaliser son rêve, et le 26 Avril 1781, il mourait à NANTUA; ses restes reposent dans l’église du prieuré. Quant à la seigneurie de TERREBONNE, elle fut vendue peu d’années après de longues difficultés entre ses enfants et leur oncle de la CORNE.
Tandis que Luc-Charles-Sholto, le second des DOUGLAS nés au CANADA, se destinait à l’état ecclésiastique, Louis-Archambaud, l’aîné, recevait une éducation à la fois solide et brillante dont il allait, dans la suite, tirer profit.
La mort de son oncle, Charles-Joseph, le met en 1788, à la tête du Comté de MONTRÉAL; aussitôt, il entreprend de grands travaux dans la demeure de ses ancêtres, et la révolution de 1789 le surprend au milieu d’un vaste chantier. D’un caractère enclin à la modération, le nouveau et combien provisoire, seigneur de MONTRÉAL, s’applique à éviter tout prétexte aux violences.
Nommé Commandant de la garde nationale de la commune, il occupe encore cette fonction à la Fête de la Fédération du 14 Juillet 1790; au mois de septembre suivant, il fait don d’un drapeau à la Municipalité.
L’abolition des privilèges le 4 Août 1789, la suppression des titres nobiliaires le 17 Juin 1790 ne l’avaient que faiblement affecté.
Le décret sur la Constitution civile du clergé, en 1790, provoque une scission profonde dans Église de France. Le curé de MONTRÉAL, Claude-Humbert MERMET, est un des plus empressés à prêter serment, et à s’en expliquer à la messe paroissiale du 23 Janvier 1791, en présence de la Municipalité.
Il se mariera peu après.
L’abbé Luc-Charles-Soltho de DOUGLAS, lui, avait succédé à son oncle dans le canonicat d’AUCH, et percevait les revenus d’une prébende à BAR-LE-DUC; il résidait habituellement à PARIS, à mi-chemin, en quelque sorte, entre ses deux bénéfices.
Nous ignorons comment vécut le chanoine, mais nous connaissons sa mort. Incarcéré pour refus de serment, il figura dans la liste des ecclésiastiques massacrés à la prison des Carmes, en
septembre 1792. On dit qu’il était dans le secret de la fuite du Roi à VARENNES, et qu’il avait recruté des conjurés à cet effet.
Protégé dans sa commune par l’estime et l’affection de ses concitoyens, l’ex-comte DOUGLAS courait de graves dangers dès qu’il s’en éloignait. Le 13 juin 1793, on note dans une liste des personnes supectes qui ont quitté le District de NANTUA pour se rendre à LYON : ‘ DUGLAS, cy-devant noble et seigneur de MONTRÉAL, sa femme et son enfant ‘.
Il faut dire que Louis-Archambaud DUGLAS avait à NANTUA un ennemi personnel, son parent Joseph-Bernard Delilia De Crose, avocat, député du Tiers-État et originaire de MONTRÉAL.
Entre les deux familles, la querelle était ancienne, bien que les mariages les aient parfois réunies.
Les DELILIA reprochaient avant tout aux DOUGLAS, semble-t-il, d’être des
 » nouveaux-venus  » au pays (1619), alors qu’eux-mêmes étaient présents dans la région trois siècles auparavant !
Quoi qu’il en soit, le ‘ citoyen DOUGLAS ‘ s’étant rendu à NANTUA le 26 octobre 1793 pour ses affaires et pour faire viser son certificat de résidence, le Comité de surveillance s’empresse de l’arrêter; mais le même jour, le Conseil Général de MONTRÉAL intervient vigoureusement en sa faveur et obtient sa libération.
DOUGLAS doit faire un nouveau geste de conciliation : le 28 octobre, il livre à la commune plus de 50 terriers (titres de propriété) pour être brûlés conformément à la loi du 17 juillet 1793.
En même temps, il est inquiété comme… sujet canadien; et le 6 novembre il doit exposer en un long historique les circonstances de sa naissance, pour prouver qu’il est né français et l’est toujours resté.
Le 22 novembre 1793, il abandonne en faveur du  » soldat de la commune qui se distinguera le premier par une action d’éclat  » le brevet d’une pension viagère de 200 livres à lui « accordée » en considération des services de  » feu son beau-père »; en outre il fait don à la patrie d’une créance de 6.560 livres sur le Trésor avec les intérêts arriérés de trois ans, et voulant  » lier ses intérêts au sort et au succès de la Révolution  » souscrit à ce titre de prêt volontaire une somme de 1.000 livres qu’il acquittera dans la huitaine avec 14 ou 15 marcs d’argenterie et le surplus en espèces courantes.Générosité mal récompensée : il est bientôt arrêté de nouveau. On lui accorde cependant, en raison de son état de santé,de rester en résidence surveillée dans sa propre maison de NANTUA.
En vain, fait-il remarquer qu’il a logé de nombreux  » patriotes  » dans sa maison inachevée de MONTRÉAL ; de février à octobre 1794, il reste soumis à une garde étroite. Le temps de sa détention coïncide à peu près avec la période la plus tragique de la Révolution dans l’Ain.
Si les pertes en vies humaines y furent relativement faibles, le département détient le triste record du vandalisme révolutionnaire, grâce au représentant du peuple, de réputation sinistre, ALBITTE, envoyé par la Convention début 1794.
Le plus clair du patrimoine artistique accumulé par des siècles de chrétienté, en statues, tableaux, argenterie et mobilier, est anéanti en quelques semaines. Sur 600 clochers, moins d’une dizaine sont épargnés.
Celui de MONTRÉAL tombe comme les autres.
Seul le manque de main d’oeuvre empêche la destruction complète des châteaux, églises et chapelles.
Après le chute de ROBESPIERRE, Louis-Archambaud de DOUGLAS, libéré, peut à nouveau se consacrer à ses affaires; mais la persécution religieuse n’est pas finie. De nombreux prêtres, missionnaires clandestins de passage, sont reçus au château, non sans risques.
Avant la fin de la Révolution, l’es-comte, grand amateur de chevaux, parvient à concilier ses goûts avec l’intérêt national en établissant dans sa propriété un haras de 6 étalons.
En 1803, il accepta de siéger au Conseil Municipal de MONTRÉAL; il sera rapidement élu MAIRE et le restera jusqu’en 1830.
Sous l’Empire, il est conseiller général ; à la restauration des BOURBONS, il entre à la Chambre des Députés.
Il meurt en 1842.
Son fils Sholto sera moins heureux dans ses rapports avec ses concitoyens.
L’épineuse question de la propriété des forêts de MONTRÉAL l’oppose de longues années au Maire ROSET et au Conseil Municipal. Finalement, après une exploration minutieuse des archives jusqu’à l’époque des DUCS DE SAVOIE et même des Sires de THOIRE-VILLARS, le litige est réglé en faveur de la Commune, mais bientôt le château et le village se réconcilient, puisqu’à nouveau un DOUGLAS est Maire en 1859.
L’histoire de MONTRÉAL EN BUGEY – FRANCE, au cours des 19° et 20 ° siècles présente, à première vue, peu de faits saillants, faute de recul suffisant pour en apprécier l’importance.
Les guerres de 1870 et de 1914 y ont été aussi meurtrières qu’ailleurs; la famille de DOUGLAS, comme toujours, a versé généreusement son sang pour la patrie.

A noter qu’en 1917, un groupe de bûcherons américains venus remplacer les hommes mobilisés a séjourné plusieurs mois à MONTRÉAL. Ils avaient pour interprètes des Canadiens FRANÇAIS dont l’accent  » normand  » amusait les gens du pays…