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Les vagabonds de l’honneur, Préface du Colonel Romans-Petit, Extrait concernant Montréal la Cluse (la résistance durant la seconde guerre mondiale)

INTRODUCTION

Durant la seconde guerre mondiale, des forces françaises importantes se dressèrent, aux côtés des Allemands, contre la Résistance organisée clandestinement, avec une organisation militaire de véritable armée secrète. Les hommes, souvent très jeunes, étaient encadrés par des militaires d’expérience, tel que le colonel ROMANS-PETIT.

Les coups portés à l’ennemi étaient toujours bien préparés à l’avance, et la prudence était de mise quant aux nouveaux recrutements. Nous vous relatons les méthodes employées avec beaucoup de minutie par les responsables du Maquis de notre région L’attaque de la  » ferme du Mont  » par les allemands fut facilement vouée à l’échec grâce aux renseignements portés à la connaissance des Chefs du Maquis.

EXTRAITS DU LIVRE de Pierre-G.JEANJACQUO « LES VAGABONDS DE L’HONNEUR », Préface du Colonel ROMANS-PETIT;
EXTRAITS concernant MONTRÉAL-LA CLUSE ( la Résistance durant la seconde guerre mondiale) :

1 –  Les centres dits de triage : ou comment rejoindre le Maquis : il fallait absolument grouper les arrivants (au Maquis ), les étudier, les observer, puis, après, les répartir suivant les besoins. La question était d’importance vitale, aussi le principe suivant avait été adopté dès août 1943 : créer un centre de triage pour les volontaires, leur imposer un stage d’observation, au cours duquel tous les renseignements possibles seraient recueillis à leur sujet, tant par interrogatoires multiples que par recoupements divers, et, dans les cas douteux, par enquêtes auprès du responsable de la Résistance dans la Commune de l’intéressé. D’une manière discrète, leurs mouvements, leurs paroles seraient épiés, leurs réactions enregistrées. Ils prendraient contact de façon brutale avec le Maquis et, ainsi éprouvés, partiraient vers de nouvelles affectations.

L’expérience montra que cette organisation permit d’éliminer pour une large part le Service de Renseignements ennemi désorienté par ce système. Si cette méthode laissait passer des agents au travers de son crible, ceux-ci, malgré leur force et leur ténacité, n’obtinrent que de maigres résultats et généralement se firent prendre à leur piège (un exemple typique est celui de C…., qui avait réussi à passer entre les mailles du filet. Arrêté, condamné, il fut fusillé en Juillet 1944. C’est probablement à lui qu’incombe la plus grosse responsabilité des opérations de BRENOD en Février 44).

C’est alors que jouait la filière : un volontaire désirait-il rejoindre le Maquis, il entrait en contact avec un militant renseigné sur les possibilités, lequel généralement l’envoyait à une seconde personne et ainsi de suite.

La filière présentait un triple avantage.

– D’abord, les gars de l’extérieur, qu’ils fussent de BOURG, LYON ou OYONNAX, ignoraient l’emplacement du camp de rassemblement ; donc au cas où un indésirable se glissait dans la filière, il pouvait tout au plus faire arrêter les intermédiaires. La filière qui n’aboutissait pas au camp, mais à un point de chute, ne la mettait pas en danger immédiat, si elle était  » brûlée  » d’un bout à l’autre. le point de chute découvert ne révélait qu’un secteur approximatif. Et cette éventualité perdit de son importance le jour où le Maquis devenu fort, contrôla au su de tous, la région sur laquelle il s’étendait. Enfin, les points de chute étant indépendants des camps, ceux-ci restaient plus secrètement ignorés.

Après ce nécessaire exposé, passons aux évènements concernant plus particulièrement MONTRÉAL  et LA CLUSE :

Le centre de triage avait pris naissance en Août 1943 à LA FERME DU MONT, bâtiment se situant entre MONTRÉAL et ce qu’il est convenu d’appeler la ferme du Mont, dont on peut apercevoir encore aujourd’hui quelques ruines.

Ferme du mont

Ce centre, situé au Nord de NANTUA, en dessus de la falaise calcaire dominant la ville. M. RITOUX de LA CLUSE,dans le mesure de ses moyens, le ravitaillait. Mais à cette époque, la vie était dure dans tous les camps, et les hommes étaient nourris avec parcimonie. Pour faire vivre la vingtaine de gars qu’il avait avec lui, « Mystère », le responsable du centre, se démenait dans tous les sens. Il était amusant de l’entendre raconter ses pérégrinations par monts et par vaux et de quelle façon, il emmenait, jusqu’à CHARIX ou ST GERMAIN DE JOUX, ses hommes qu’il endurcissait par la même occasion, en les obligeant à rapporter, lui en tête, un sac de pommes de terre sur le dos.

Il lui arrivait aussi de manquer de viande. Alors, il il se rendait encore à LA CLUSE, IZERNORE et MATAFELON, accompagné de Lançon, son second.

Pendant tout le temps que le camp de triage stationna sur le MONT, au-dessus de MONTRÉAL ET DE NANTUA, les points de chute restèrent groupés autour de LA CLUSE. Le centre de renseignements était installé chez RITOUX, aidé plus spécialement par Roger SIGOD, gérant du Cinéma, avant qu’il ne devienne un peu plus tard, agent de liaison du Groupement Nord. L’activité était ininterrompue et son appartement rempli authentiques conspirateurs. Les agents de liaison venaient et repartaient jusqu’à ce que la police collaboratrice s’alarma. au début du mois de Novembre, arriva chez RITOUX un homme d’origine yougoslave se disant recherché par la sinistre Gestapo. La filière semblait sûre et RITOUX persuadé (à tort) que l’être est bon par nature, prenant pitié de ce pauvre diable, l’avait fait conduire à « Mystère », le Chef, aux fins d’enquête. Malheureusement c’était l’inconnu qui enquêtait et…quelques jours après, il s’échappait pour revenir bientôt en voiture, à la tête des spécialistes de la GESTAPO. Par bonheur, RITOUX était à PARIS, sa femme étant restée seule avec ses deux enfants.

N’ayant trouvé ni le « gibier » escompté, ni des papiers compromettants, les nazis évacuèrent les lieux . L’affaire avait été rapide. Aussitôt prévenu, le POSTE DE COMMANDEMENT avait envoyé d’HEYRIAT une voiture chargée de quelques volontaires qui s’étaient disputés les places ; mais quand elle arriva à LA CLUSE, celle de la GESTAPO avait disparu, en prévision d’une réaction dangereuse. A la suite de cette perquisition , RITOUX averti par Roger à la gare de NURIEUX, rejoignit le P.C. départemental installé au camp de GRANGES, tandis que sa femme et ses enfants se réfugiaient à BERTHIAND.

Les points de chute alors désignés furent les carrières, derrière le BOURG DE MONTRÉAL, puis le Monument aux Morts de cette Commune. A 22 heures exactement, un guide attendait les arrivants pour les conduire au centre de groupement. La gare de NURIEUX restait, grâce à la famille JACQUINOT, un solide maillon de la filière.

Pourtant à LA CLUSE, la Résistance consolidait sa position. Les LACROIX père et fils, en étaient les zélés propagandistes et Robert, en compagnie de LACRAZ, les actifs organisateurs. (LACRAZ, alors Capitaine à la Prévôté, devait se tuer en automobile entre Neuville et Pont d’Ain en Mai 1945).

Le café de la Gare de LA CLUSE était sinon un lieu de réunion, un hôtel où tous les maquisards trouvaient pension. CHEVRIER étant depuis longtemps un pilier du mouvement.

Ce premier noyau resta donc le soutien du centre de triage jusqu’au 10 Février, date à laquelle le lieutenant (devenu ensuite Capitaine) MONTRÉAL fit évacuer le MONT pour échapper à l’attaque allemande.

Il est certain que si le centre grandissait, tous les volontaires n’y faisaient pas obligatoirement un stage. Certains, en effet, venus de familles connues dans la Résistance, étaient dirigés aussitôt sur les camps; leur instruction s’en trouvait d’autant avancée.

Le camp de CHOUGEAT toujours commandé par  » Commis  » , secondé par  » Pédale « , avait déserté ses huttes et ses buis inhabitables dès les premiers brouillards d’Octobre. Par cet automne pluvieux, elles étaient trop précaires et la boue débordante rendait l’hygiène déplorable. « Bébé », toujours à l’affût d’un coup de main, avait remarqué, dans ses pérégrinations, un superbe baraquement allemand à double paroi, installé sur des socles de ciment dans un pré au lieudit « Les Grands Moulins », sur la route de ST MARTIN DU FRESNE à CONDAMINE. En une nuit, une équipe de CHOUGEAT le démontait, le chargeait sur un camion, l’emmenait et le déposait à proximité de la ferme de REVERS.