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Lettre du Caporal ROBIN aux citoyen de Montréal.

LETTRE DU CAPORAL ROBIN AUX CITOYENS DE MONTREAL

PREAMBULE : La lettre qui suit est datée du 1er mars 1793 ( an II de la République).
Son expéditeur est Caporal au 2ème régiment du second bataillon de l’Ain, cantonné à MAYENCE dans l’armée de CUSTINES , général français Commandant l’Armée du RHIN de 1792 à 1793. Battu par les prussiens et accusé d’avoir mal défendu MAYENCE, CUSTINES fut rappelé à PARIS , condamné à mort et exécuté.
(document de Raymond Burgod)

Citoyens et amis,

Je prends la liberté de vous écrire pour vous informer de ce qui se passe ici, et également pour savoir des nouvelles du pays et l’état de santé de chacun de vous tous.
Uni à mes camarades et en même temps d’un commun accord, je m’empresse à contenter vos désirs ardents sur votre patriotisme et le courage invincible dont les troupes de la République sont animées.
MAYENCE, place importante et forte, le devient chaque jour de plus en plus par les travaux qui s’y font, et mémorables à jamais par la manière dont ils sont faits dans les annales de la République.
Ceux-ci offrent leurs journées de travail à la Nation, ceux-là lui font don de « leurs journées de prêt ».
D’autres, jaloux de ne pas être sur la frontière pour partager les maux et les dangers de leurs Compatriotes.
Des effets d’habillement vont les couvrir et les garantir.
Voilà la 3ème fois qu’ils nous en arrivent quelques briques de ces dons, qui seraient notre courage à la hauteur des circonstances, s’il n’y était déjà.
Chaque individu contribue , debout pour pouvoir seconder l’ardeur de nos braves frères d’armée sur la frontière.
Tous les départements qui jusqu’ici, par leurs… à la Convention Nationale, ont fait connaître leurs justes procédés aux yeux de l’Europe entière , fondatrice de tant de résolutions qui agitent sa surface et qui ne peut l’empêcher de contempler avec saisissement, la constance à toute épreuve des Défendeurs de la République.
C’est en agissant ainsi, que ces Départements ont donné un exemple de leurs plus vive reconnaissance à ceux qui voudront les imiter.
Ainsi, daignez, Concitoyens et amis, en cette rencontre, couronner votre tête de lauriers qui vous sont dûs et prouver votre zèle et votre amour à des Enfants qui ont quitté leurs foyers, et dont vous êtes privé de la présence.
Cette présence, si chère à leurs parents.
Vous avez des montagnes, craignez-vous d’en faire abattre quelques arbres.
Hélas, ce sera peut-être le dernier don que vous pourrez leur faire au nom de la Patrie, qui vous y engage.
En agissant ainsi, vous préviendrez le « représentant  » du Département à la Convention Nationale, digne rivale des citoyens d’ Ambérieu, Dortan , Oyonnax et Belley.
Votre municipalité sera fêtée et comblée à bons droits, des éloges qu’elle mérite.
Enfin, cantonnés à MAYENCE, cette ville si menacée, nous faisons un service assez pénible.
Car, tous les deux jours, nous montons la garde et allons au bivouac au-delà du Rhin,au travers d’une plaine où nous avons l’ennemi à une portée de fusil de notre poste.

Les Mayençais ne sont pas des gens sur lesquels on peut compter.
Car, le 24 du mois passé, ils devaient prêter serment, mais la plus grande partie ne l’a pas fait, malgré l’ordre du Général.
Tout annonce de grands… à soutenir cette année.
Le despotisme sera forcé de voir tomber ses têtes « renaissance », sous le fatal glaive de Liberté.
En vain, ils s’uniront pour faire la guerre à une nation libre qui ne lâchera pas prise que quand elle se verra ensevelie sous ses propres trophées.
Les camarades du pays se portent bien, ils vous font, ainsi que moi, mille vœux pour votre conservation.
Vous ne manquerez pas de me faire réponse pour tous et de faire mes compliments à nos camarades et amis.
Tels sont souhaits que vous adressent les citoyens et amis ,… et surtout moi pour tous.

Le 1er MARS 1793 AN II DE LA REPUBLIQUE
Signé: ROBIN
Caporal de la 2ème compagnie du second Bataillon de l’AIN, cantonné à MAYENCE dans l’armée du RHIN du Général CUSTINES

Lettre écrite avec passion à une époque mouvementée, 5 à 6 semaines après l’exécution du Roi (21 janvier 1793).
Le style est intéressant, et on ne peut manquer de citer ROBESPIERRE :
«  Onze armées à diriger, le poids de l’Europe entière à porter, partout des traîtres,……… telles sont nos fonctions…. »